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Channel: généralisation – Jeu des citrons
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Top 10 des préjugés véhiculés par Nsibti laziza sur les habitants du Rif

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Les pétards de l’Aïd sont épuisés, les enfants, sucres d’orge aux becs, ont cessé de crier, le calme précaire installé est l’occasion de miser mon top 10 – exercice proposé par Ziad Maalouf – sur Nsibti laziza, une série ramadanesque qui arrive à sa 3ème saison et qui abuse des préjugés pour pouvoir exister.

Si cette année, Khmissa, personnage principal de la série, a déserté les écrans de la chaîne télévisée Nessma, les habitants du Rif, dont elle était censée représenter, les années précédentes, le prototype, n’ont pas été laissés de côté. Cette année, aux côtés de Jabala, son mari et de Fahem, son frère, les parents de Khmissa étaient au rendez-vous manqué du respect de l’altérité.

Les sciences sociales l’ont démontré : la différence n’existe pas en tant que telle, c’est le rapport entre deux entités qui la crée. […] La différence découle donc d’une construction qui aboutit à ce qu’une seule des deux entités comparées soit qualifiée de « différente », l’autre étant la référente. (Racisme : mode d’emploi, Rokhaya Diallo, P76)

Les habitants du Rif, ce sont les A’roubis, dont il a déjà été question ici, ces ruraux tunisiens dont l’essentialisation les réduit à une catégorie arbitrairement construite et nommes par les citadins qui permet de caricaturer leurs traits à l’excès, sous couvert d’un ton humoristique.

Les traits des « autres » sont exagérés de manière à devenir des particularismes propres à leur groupe, « naturalisés » comme des défauts intrinsèques ou des dispositions naturelles. (Racisme : mode d’emploi, Rokhaya Diallo, P79)

10. L’habitant du Rif est lourd, sa présence est insupportable, mais elle est bienvenue quand il s’agit de s’amuser. Suivre ces personnages de la série est un dur moment à passer ou une franche rigolade assumée.

9. L’habitant du Rif aime manger. Matin, midi, soir, il est devant un plat débordant de mets riches en sauce et en matières grasses, qu’il ingurgite en moins de temps qu’il vous a fallu pour lire cette ligne.

8. L’habitant du Rif est un squatteur. Quand ce n’est pas le beau-frère qui débarque dans la maison pour y rester trois saisons consécutives, ce sont les beaux-parents qui s’installent à la maison, devrai-je dire dans la chambre à coucher, sans même attendre l’accord du maître de maison.

7. L’habitant du Rif n’a pas le sens de l’hospitalité. L’hôte ne sait pas accueillir ses invités. Le beau-frère, éternel squatteur, puis les beaux-parents seront accueillis par une hypocrisie à peine dissimulée.

6. L’habitant du Rif est sale. Il [le beau-père] ne change pas sa djellaba, recycle ses chaussettes.  Il [le beau-frère] vit avec un âne dans la salle de bain et a les cheveux tellement gras qu’épis et antennes tiennent en équilibriste sur son crâne.

5. L’habitant du Rif a peu de considération pour sa femme. Il [le beau-père] l’appelle makhlouqa (créature).

4. L’habitant du Rif est arriéré. Il semblait vivre dans un autre espace temps, avant de rejoindre la ville. C’est à peine si elle [la belle-mère] sait décrocher le téléphone.

3. L’habitant du Rif ne sait faire preuve de savoir-vivre. Il [le beau-frère] parle la bouche pleine et ne paye pas son café. Même quand il tente de s’appliquer et de montrer l’étendue de sa finesse, il ne peut se contenir et s’empêcher de baver ou de piquer dans l’assiette d’autrui.

2. L’habitant du Rif ne sait pas parler. Il hurle. Elle a une voix stridente. Il n’articule pas. Elle bégaye. Il balbutie. Elle est incapable de prononcer une expression tunisienne sans l’écorcher.

1. L’habitant du Rif a une dégaine à faire fuir tout être normalement constitué. Il [le maître de maison] n’a pas compris qu’un bonnet devait protéger son crâne et pas seulement sa calvitie naissante. Il [le beau-frère] porte des chaussettes roses sous ses nu-pieds. Tous se pavanent avec  des vêtements trop grands, aux couleurs non accordées et cultivent leur attirance pour les chemises à fleurs et les pantalons multicolores.

L’habitant du Rif ne peut pas être cet ingénieur, obligé de rejoindre la capitale, à cause de la centralisation du pays. L’habitant du Rif ne peut pas être cet étudiant, faisant des aller-retours quotidiens, le montant de la bourse étant insignifiant face à la montée du coût de la vie. L’habitant du Rif ne peut pas être ce paysan, travaillant dignement la Terre dont il n’est pas le seul à savourer les fruits.

Pour reprendre le mondobloggueur Serge, qui m’a amené à me concentrer sur la réplique de Georges Clooney dans In the air (Up in the Air)

« I’m like my mother, I stereotype. It’s faster »

il semblerait que Nsibti laziza soit comme sa mère, qu’elle utilise les préjugés pour aller plus vite.

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